Recrutement de Guillaume Seum

Loane était occupée à faire passer un recrutement à une nouvelle élève en ce début d’après-midi ensoleillé. C’est donc tout à fait par hasard qu’elle se rappela qu’elle devait avoir un entretien avec une nouvelle recrue parmi les enseignants. Elle avait eu au téléphone ce Guillaume …. (Le nom de famille ne lui revint pas tout de suite) … ah oui ! Seum ! Guillaume Seum devait arriver ce vendredi 9 avril à Stanford et avait postulé pour le prof de contrôle et maîtrise du pouvoir. Une matière non négligeable selon elle, surtout lorsqu’elle voyait les pouvoirs parfois naissants de ces étudiants.

Elle eut envie de le rejoindre au moment même où elle pensa à lui mais ne put se résigner à abandonner sa nouvelle élève terrorisée face à la créature qu’elle avait envoyée.

Il s’agit d’un manque de correction mais tant pis, je ne peux pas laisser cette petite seule pour l’instant.

Elle attendit le plus tranquillement du monde (en apparence) que le combat se termine, alla dire quelques mots de félicitations à la nouvelle qui s’était bien défendue et fila sur son aigle. Au fond d’elle, elle bouillait d’impatience et de colère envers elle-même. Elle détestait être en retard, ce n’était pas dans ses habitudes. Elle pensa que la mise en place d’un planning par le concierge ou toute autre personne faisant partie de l’administration ne serait pas un mal. Mais, personne n’était en vue lorsqu’elle arriva devant la grande porte d’entrée de l’école.

Ce monsieur a surement dû essayer de me trouver dans l’enceinte de l’école… pensa-t-elle à contrecœur.

Faire le bâtiment de long en large et en travers à pied ne l’enchantait pas le moins du monde, mais il était tout de même nécessaire de retrouver Monsieur Seum.

Autant ne pas le laisser airer dans les couloirs éternellement, déjà que je suis en retard.

En y repensant le rouge lui monta aux joues, ce qui était stupide car elle n’avait après tout pas à se justifier, et elle ne l’avait pas fait exprès, mais quand même !

Elle commença sa recherche, et se rendit compte qu’une personne se trouvait à l’autre bout du hall, mais ce n’était pas la personne qu’elle désirait trouver.

Tiens le concierge ! Il tombe bien celui-là !

Se précipitant vers lui, elle lui demanda s’il avait vu passer un jeune homme (du moins c’est ce qu’elle pensait d’après la voix qu’elle avait entendue au téléphone quelques jours auparavant)

Oui, je l’ai rencontré, un charmant jeune homme. Je lui ai indiqué votre bureau.

Elle le remercia chaleureusement, se retint d’aborder la question du planning pour l’instant car une chose plus importante l’attendait, mais le mit dans un coin de sa tête.

C’est donc assez peu sereinement qu’elle se dirigea vers son bureau dans la salle des professeurs. Tout ce qu’elle connaissait du « charmant jeune homme » était sa voix et son expérience qu’il lui avait cité au téléphone. Selon elle, il ferait une parfaite recrue et il avait l’air de vouloir s’investir.
La porte de la salle des professeurs était à quelques mètres et elle ressentit un resserrement au cœur. Faire passer des recrutements à des élèves était une chose, à un jeune professeur une autre. D’autant qu’elle n’avait pas pu se préparer psychologiquement à cette entrevue ce qui était entièrement de sa faute. Elle s’arrêta 30 secondes devant la porte, prit une grande bouffée d’air et essaya de paraître le plus calme possible et entra.

La salle était vide, et Loane supposa qu’il était déjà entré dans son bureau qui se trouvait au fond de la salle avec une plaque sur la porte où était gravée en lettres italiques « Loane Bowër, directrice de l’école ». Pas très compliqué à trouver.

Elle ouvrit donc la porte et se trouva presque nez à nez avec un « charmant jeune homme » en effet. En tout cas, ce fut le premier effet qu’il lui fit. Il n’avait pas du s’asseoir car le fauteuil en face de son bureau n’avait pas bougé. Se forçant à dire quelque chose très rapidement elle dit :

Hum … bonjour ! Je suis Loane Bowër et vous devez être Guillaume Seum. Pardon de vous avoir fait attendre mais j’étais en recrutement avec une élève.

Elle n’avait pas pu s’empêcher de se justifier … Après un moment de silence, elle prononça tout aussi rapidement :

Mais je vous en prie, asseyez-vous !

Nous serons plus à l’aise, et surtout j’aurai moins les jambes en compote !

Elle voulut commencer tout de suite l’entretien, mais elle attendait la réaction du jeune homme. Elle aimait beaucoup étudier les comportements d’autrui, ainsi elle voulait se calmer elle-même en analysant ses faits et gestes. Elle s’assit dans son fauteuil en masquant son immense soulagement et attendit.

Cela faisait en effet quelques dizaines de minutes que notre cher Guillaume attendait très calmement dans le bureau de Loane. Après avoir agréablement conversé avec Andy Bailey, charmante élève, il était finalement sorti trouver le concierge pour savoir si la directrice avait l'intention de l'éviter toute la journée ou s'il aurait l'agrément de la rencontrer. Ce brave homme lui avait conseillé d'attendre dans son bureau et lui avait dit d'un air bourru, mais pas moins étonné :

- Mademoiselle Bowër, en RETARD? Mon brave garçon, sachez que ce genre de chose est très rare, oh oui, très rare ...

Guillaume le remercia le plus chaleureusement possible et se dirigea donc, non sans hate, dans le bureau de Loane Bowër. Ce qui était bien, c'était qu'il avait pu observer avec attention chaque livre et chaque bibelot de la pièce, sans oublier les tableaux.
La façon dont les femmes agrémentaient leurs espaces était en général significatif de leur personnalité. Ici, même s'il y en avait, les bibelots étaient rares et d'un goût exceptionnel. Tout était parfaitement rangé et Guillaume crut même comprendre que les livres étaient rangés par ordre alphabétiques. Les tableaux étaient essentiellement des diplômes obtenus par la jeune directrice et ils étaient très nombreux.

Nous avons donc à faire à une jeune femme très TRES pointilleuse et à vue des diplômes, très intelligente ! Intéressant ...

Guillaume était comme à son habitude, des plus détendus. Même s'il allait visiblement passer un entretient d'embauche, il ne se faisait pas énormément de soucis ... au pire il avait juste à lui sortir sa pile de diplômes pour appuyer sa motivation qui était des plus grandes ... Il entendit alors des pas doux, mais précipités et qui traduisaient une légère (très grande même !) nervosité. Il esquissa un sourire en coin, sachant pertinament que la personne à qui correspondait ces pas n'était autre que Loane Bowër. Enfin il allait la rencontrer !
La jeune femme fit un arrêt net devant la porte en se remettant apparemment les idées en place, et l'ouvrit nerveusement, laissant ses mèches de cheveux bruns virevoleter légèrement dans le courant d'air d'ouverture de la porte. Guillaume s'était doucement retourné et avait souri poliment à la jeune femme tout en la saluant. Il lui serra la main énergiquement.

-Bonjour Madame! * sourire étincelant* Ne vous excusez pas, je comprends parfaitement, vous n'aviez pas besoin de vous justifier! J'en ai profité pour faire un petit tour dans l'établissement qui est fort sympathique!

Le jeune homme s'assit élégamment dans le fauteuil, ayant galantement attendu que la jeune femme s'asseye. D'après source sûre, la jeune femme ne s'asseyait pas vraiment pour faire plus professionnelle, ni pour le fixer à hauteur égale, mais pour raison de "jambes en compote". Guillaume sourit de cette expression très imagée qui illustrait parfaitement la situation que devait vivre Loane. Il attendit que la directrice lui pose les questions fatidiques et pris le temps, pour justifier son sourire, de regarder chaleureusement la jeune femme.

Ne se doutant pas que Guillaume lisait clairement dans ses pensées, Loane continua son entretien presque déçue que le jeune homme ne fasse aucun faux pas. Il était trop parfait à son goût et ce "trop" l'inquiétait beaucoup, ça devait cacher quelque chose. Elle avait appris, à son insu à ne pas faire facilement confiance aux gens qu'elle rencontrait, elle était très méfiante par nature. Retenant à contrecœur un long soupir de déception et d'agacement, elle se perdit dans ses pensées. Elle brulait d'envie de savoir quel était son pouvoir. Le peu d'information qu'elle avait eu au téléphone ne lui avait pas servi et ce type de renseignement ne serait sans doute pas écrit noir sur blanc sur un diplôme.

Elle se décida de commencer les hostilités en posant des questions qui révéleraient sans doute la personnalité du jeune homme.

Je vais vous poser quelques questions. Je vous demande juste d'être le plus sincère possible. Ce fut elle qui lança un de ses plus beaux sourires cette fois-ci.

Je voudrais tout d'abord que vous me disiez 3 qualités et 3 défauts en les argumentant. Un petit sourire ironique lui vint au visage, tout d'abord parce qu'elle aurait détestée qu'on lui pose ce genre de question, et ensuite parce qu'elle s'imaginait encore une fois avec ironie la réponse: "beau, parfait, intelligent". Guillaume dégageait une aura d'assurance et de narcissisme. Elle en était presque à s'attendre à la suite logique "Et je n'ai bien évidemment aucun défaut"

Revenant rapidement à la réalité avec un fou rire en coin, elle continua son interrogatoire:

J'aimerais ensuite connaître votre idéal et savoir comment vous réagissez dans une situation délicate.

Je vous poserai des questions plus techniques et plus professionnelles quand vous m'aurez déjà répondu.

Attention, en avant le spectacle. Elle retint encore une fois un mini fou rire.

HJ: OMG x) Je suis explosée de rire devant mon ordinateur !

En parfait gentleman, et surtout ayant capté ce qui l'intéressait dans l'esprit de la jeune femme, Guillaume se décida à ne plus lire dans ses pensées.

J'imagine qu'elle est en train de s'imaginer des réponses abracadabrantes de ma part, je vais surement la décevoir. Pauvre d'elle, je suis trop attentionné de ne pas lire dans ses pensées.

Car oui, notre cher Guillaume aurait pu lire dans ses pensées et répondre exactement ce à quoi elle s'attendait. Mot à mot. Mais, très honnête professionnellement, il décida de la jouer franc-jeu, même si les questions étaient pour le moins assez vagues, et très pernicieuses. En un mot, il les trouvaient bizarres et se demandait l'intérêt que Loane avait à les lui poser. Cherchait-elle à le provoquer ?

- Je dois vous avouer que vos questions me décontenancent légèrement, mais qui ne le serait pas dans le monde magique ! ...

Le jeune homme leva les yeux, en signe de réflexion et fixa le magnifique paysage qui s'offrait à lui par la grande baie vitrée derrière Loane.

- Vous devez savoir que pour moi ce n'est pas spécialement facile de faire l'inventaire de mes qualités, sans paraître audacieux ou fier ... * sourire étincelant et charmeur * Bon disons que, d'après mes précédents employeurs, je suis tout d'abord quelqu'un de très impliqué dans mon travail. C'est à dire que je respecte parfaitement les règles qui me sont imposées, je ne tente pas d'aller en dehors de mes plates-bandes et pour moi, le travail est quelquechose de très important, pour mon accomplissement personnel autant que pour l'aide que je peux apporter aux autres. Ensuite, je dirais que je suis quelqu'un d'assez patient, c'est en effet quelquechose de nécessaire dans le travail que j'accomplis, pour faire réaliser aux autres comment gérer leur pouvoir, ce qui peut prendre un certain temps. Pour finir, ne le prenez pas pour une prétention de ma part, mais j'ai une connaissance de la magie assez exceptionnelle, qui me permet de cibler le moindre problème lorsque j'accomplis mon travail.

Guillaume sonda le regard de la jeune femme. Cela le déstabilisait légèrement car elle n'avait pas l'air réceptive, mais totalement amorphe et endormie.

Je sais bien que le ton de ma voix est très doux et régulier, mais il ne faut pas abuser tout de même ... Serait-elle hautaine parcequ'elle a le pouvoir de m'engager ou non? ... Ah les femmes ... J'ai bien hate de savoir comment elle fonctionne ...

Pour ce qui est des défauts, je vais le jouer franc-jeu avec vous. Je suis très, voire même trop détendu, quelle que soit la situation. Pour moi ce n'est pas un problème, mais pour les autres, cela peut se sentir comme du désintérêt ou du sarcasme.
Ensite, si je n'ai pas bu de café le matin, oui je suis caféinophile, je suis de mauvaise humeur ... d'ailleurs je dirais même que si l'on me contrarie dès le matin, voire même si l'on me contrarie tout court, je suis très rancunier. Et pour finir, * sourire subtil * je suis partout et nulle part ... c'est à dire qu'en dehor de mon teavail je suis quelqu'un d'assez ... instable si je puis me permettre ... oui, instable, c'est bien le mot.

Guillaume riait un peu sous cape. Il se voyait bien lui dire Je suis un parfait Dom Juan, et même si je vous promets de ne pas avoir de relation avec mes élèves, je ne vous promets pas de rester de marbre en dehors ... . Ah ce serait très mesquin.

- Pour poursuivre dans vos questions, dans une situation délicate ... A vrai dire cela dépend de la situation. Si je me retrouve face à un monstre géant couvert de pustules qui n'a que pour seule idée de me dévorer, je dirais que j'aurais tendance a ne pas me poser de questions et à fuir. Sauf si biensûr j'ai le materiel qu'il faut pour le combattre. Mais j'ose espérer qu'en Angleterre nous ne croisons pas de Dragons ou autres choses dans le genre tous les jours ! ... Si la situation délicate est plutôt du domaine psychologique, c'est à dire entre deux êtres humains qui essaient de s'entendre, je dirais que je suis assez calme comme je vous l'ai signalé précédemment. Je suis quelqu'un qui s'énerve très rarement. Ensuite, j'ai du mal à comprendre ce que vous signifiez par "mon idéal" ...

[HJ: estime toi heureuse que je ne t'en ai pas posé d'autres ... ^^]

Devant l’air embarrassé de Guillaume, Loane ne put s’empêcher d’avoir un sourire très moqueur. Elle le testait, c’était nul mais c’était comme ça. S’il avait moins fait le fier, elle l’aurait tout simplement laissé tranquille. Car avec l’étalement des diplômes qu’elle avait sous les yeux, nul doute que le garçon était fait pour le poste et plus qualifié que n’importe qui. Mais il la testait elle aussi dans un sens, rancunière, elle lui renvoyait la pareille.

Elle écouta ses réponses avec intérêt et releva deux mots dans le flot de parole « audacieux » et « fier » ce qui l’agaça forcément. Néanmoins, ses qualités lui convenaient et correspondaient parfaitement à un professeur. De plus, le jeune homme expliquait parfaitement ses propos, décidément il s’en sortait bien. Elle eut tout de même envie de regarder en dessous de son bureau pour voir si ses chevilles n’avaient pas triplé de volume sous son orgueil manifeste mais se retint juste à temps.

Mince il m’agace celui-là !

Décidément, le mot agacement traversait ses pensées environ toutes les minutes ! Elle était déçue de ses réponses, elle aurait tellement voulu qu’il soit déstabilisé, juste une fois ! Mais non, Guillaume fut encore une fois « parfait »

Son regard devint terne malgré elle, d’énervement. En fait, elle s’intéressa plus intensément à ses défauts, car une autocritique personnelle est très difficile. C’est un exercice très délicat surtout qu’il faut mesurer ses paroles pour ne pas dire des défauts trop horribles sur soi. Par conséquent, elle préféra axer la discussion dans ce sens.

En résumé vous préférez prendre du recul face à une situation délicate plutôt que d’agir directement, sauf s’il s’agit d’une situation d’extrême urgence. Mais cette réponse m’importe peu en fait lui dit-elle avec un grand sourire. Je cherche juste à voir comment vous réagissez et savoir comment vous vous justifiez.

Elle espérait que son aveu allait l’énervait un tout petit peu malgré son calme impressionnant. Après tout elle pouvait bien s’amuser un peu avec lui non ? Il jouait avec elle, elle avait envie de s’amuser aussi.

Reprenant le fil de la conversation et ne le laissant pas le temps d’ouvrir la bouche elle continua sur sa lancée : vous êtes rancunier et vous n’aimez pas que l’on vous contrarie, est ce que ça veut dire que vous n’acceptez pas la diversité, les différents opinions et que vous vous opposez malgré tout même si plusieurs personnes pensent à l’inverse de vous ? Et pour votre instabilité, cela veut dire si j’en crois vos dires qu’en dehors de l’enseignement en général, moi ou quiconque d’autre ne peut vous faire confiance ?

Et pour votre idéal (question inutile mais marrante pour Loane), peut être avez-vous un but professionnel que vous n’auriez pas réussi (elle insista très fortement sur ce terme) à atteindre par exemple ?

Elle le scrutait intensément à présent, impatiente de connaître ses réponses ...

ça y'est. Il avait tout compris. Son premier ressenti était juste! Elle le provoquait! Mais vraiment c'était quelquechose de puissamment machiavélique! Le jeune professeur se retint d'éclater de rire aux déductions qu'elle faisait sur sa personnalité. Charmante jeune femme.

- Oui je pense que vous avez raison. Globalement. Mais, j'ai quelques petits bémols à votre analyse ... * avec le ton le plus sincère et professionnel du monde, faisant les gestes concis avec les mains, la regardant dans les yeux * J'accepte que l'on me soumette un avis différent, à vrai dire, la confrontation me plaît assez. Mais tout se situe dans la manière d'aborder le sujet, voire la manière dont on m'aborde. L'agressivité gratuite m'irrite grandement, tout comme les hypocrites Le pire c'est que je les remarque directement ceux-là, raison de plus pour leur en vouloir ... ou autres ... Pour mon instabilité, je n'ai pas dit que l'on ne pouvait pas compter sur moi en dehors du travail. Ce que je voulais dire, et je vous prie de m'excuser si je me suis mal exprimé sur la question, c'était que j'ai tendance à être assez ... introuvable et versatile.

La façon dont la jeune directrice avait posé sa question sur un "idéal" non atteint traduit directement sa pensée : Elle le trouvait égoentrique, fier, et très arrogant. Elle voulait le casser dans son élan, le déstabiliser, lui montrer qu'elle était sa superieure. Il aurait été encore un jeune garçon (et encore !! ), il aurait surement été impressionné et énervé par cette attitude amère et vivement machiavélique qu'adoptait Loane. Maintenant, qu'il avait de l'experience, il savait qu'elle était plus sur la défensive qu'autre chose. Un homme comme lui pouvait être angoissant, il le savait. Le paraître comme seul mot d'ordre, il savait tout sur tout, avait réponse à tout et avec ça, assez attirant physiquement. C'était quelqu'un d'assez impalpable, dont on ne savait pas vraiment les limites, voire même ce dont il était capable pour arriver à ses fins.

- Pour un idéal non atteint? Eh bien au risque de vous étonner, je suis un très grand lecteur et j'admire énormément les écrivains. J'aurais donc eu grand plaisir à en être un, mais je pense que mes écrits feraient pâle figure à côté d'un Shakespeare, d'un Zola ou d'un Laclos ... J'admire particulièrement ce dernier pour son roman Les Liaisons Dangereuses, mais surtout pour son traité sur l'éducation des femmes. Il est un des premier à reconnaître qu'elles étaient égales aux hommes ! ... Vraiment exceptionnels ces français!

Loane se détendait peu à peu au fur et à mesure. Il ne la cherchait pas, ne la provoquait pas. Elle décida de se calmer et de redevenir « professionnelle ». Il venait d’évoquer un point sensible : la lecture. Elle-même passionnée de livre, elle pouvait rester des journées entières sans se nourrir juste pour lire et rester dans le fil de son histoire. Il avait répondu avec franchise et sincérité, ce qu’elle apprécia tout de suite. Malgré son narcissisme flagrant, son estime pour lui fit un bond en avant. Cela lui faisait un point commun avec lui, au moins elle saurait quel sujet aborder si d’aventure elle le croisait dans un couloir de l’école.

Je suis heureuse que vous preniez en compte l’avis des autres, quand on a un travail qui demande de la sociabilité c’est essentiel à mon sens. Elle comprenait ce qu’il voulait dire dans la manière de l’aborder, elle aussi avait tendance à se fermer lorsqu’une personne l’attaquait directement.

Elle regarda vers le sol, l’entretien commençait à l’épuiser. Non pas dans le mauvais sens, mais étant de nature plutôt solitaire, Loane n’est pas une personne qui a l’habitude de tenir des heures de conversation et aime beaucoup se recueillir. Pour en finir avec le lot des questions inutiles, elle coupa court en répondant :

Espérons juste que je n’aurais pas à vous chercher dans toute l’enceinte de l’école si d’aventure je venais à avoir besoin de vous… Sinon, je peux vous promettre que vous aurez affaire à moi. Son ton n’était pas méchant, mais clair et direct. Et le regard qu’elle lui lança était destiné à lui faire comprendre qu’elle ne plaisantait pas du tout.

Bien passons aux choses plus sérieuses, vous avez dit tout à l’heure « vos anciens employeurs », pourrais-je en savoir un petit peu plus sur votre expérience professionnelle ? Et j’aimerais également savoir pourquoi selon vous, vous êtes fait pour ce poste ?

Visiblement la pression de la jeune feme était redescendue. Guillaume se rassura par la même occasion: il ne se serait pas vu lutter ainsi verbalement pendant des heures. Il espéra que ce n'était pas un repos pour mieux l'attaquer ensuite.

- Pour me trouver, ne vous inquiétez pas, j'ai ... disons une intuition certaine pour savoir quand on me cherche ... dit-il de la façon la plus agréable du monde Alors pour tout vous dire, j'ai eu pas mal de petits jobs, donc je ne sais pas si vous voulez que je les cite tous. J'ai été contraint ... enfin bref, j'ai dû me débrouiller seul à partir de mes 18ans pour gagner ma vie et payer mes études donc ... Pour commencer je n'ai pas pris le plus prestigieux des emplois, mais non négligeable cependant, j'ai été serveur dans un petit bistrot, qui a fini par me licensier pour faillite. J'ai ensite, ne riez pas s'il vous plaît, vendu des glaces pendant l'été à Brighton, mais je vous rassure, j'étais dans une petite boutique donc je n'ai pas trop souffert! Et après, j'ai continué mes études de magie donc j'étais professeur du soir en diverses matières. Par la suite j'ai commencé à avoir des stages de maîtrise du pouvoir, j'ai donc été recruté de nombreuses fois pour remplacer des professeurs dans diverses écoles, certes mos prstigieuses que Stanford, mais je ne les néglige pas.

Guillaume se demanda comment Loane allait réagir à cet excès de sincérité et de banalité dans sa vie professionnelle. Mais après tout, elle s'était détendue depuis le début, il se pensait donc sur la bonne voie !

- Et pour finir, je pense que ce poste me conviendrait grandement car il me permettrait tout d'abord de faire enfin le métier qui me plaît et pour lequel je suis formé, j'aime donner un savoir aux autres, surtout quand celui-ci peut leur servir directement en sortant de mon cours. C'est as comme les mathématiques vous voyez, ou vous sortez du cours en vous posant la question "Mais quand utiliserai-je cette formule dans ma vie?". Là, les jeunes sortent en ayant la conviction d'être plus forts et plus maîtres d'eux-mêmes. Et si cette confiance ils l'ont grâce à moi, je pense en sortir grandi.

Guillaume détestait se justifier. Tout était tellement bien au chaud dans sa tête sans qu'il ai besoin d'en sortir ses idées ... Ah quand on est habitué à la télépathie, voilà ce qui arrive !

L’énumération des petits boulots de son futur associé la fit rire. Elle éclata de rire carrément devant le garçon. Les nerfs qui commençaient à lâcher sans doute.

Excusez-moi ! Nouvelle crise de rire. Excusez-moi, je ne veux pas vous vexer, mais j’imaginais des choses plus grandioses et en fait vous m’annoncez tout le contraire. Mais rassurez-vous, je préfère largement ça ! J’aurai cru que vous étiez invincible !

Elle s’en voulait d’avoir ri, mais ça avait été plus fort qu’elle. La pression était retombée. Elle aimait sa franchise et toutes ces expériences prouvaient que le jeune homme avait une volonté de réussir et de s’en sortir dans chaque épreuve.

Elle aimait la façon dont il parlait du métier de professeur, il l’évoquait comme une vocation pour lui et comme un … idéal.

Cet entretien n’était qu’une simple formalité, elle n’avait pas eu l’intention de le faire repartir de là où il venait, sauf bien sur à se rendre compte qu’il s’agissait d’un psychopathe lâché dans la nature. Il l’avait auparavant convaincue lors de leur entretien téléphonique, elle était maintenant persuadée (la nuance se fera pour les gens avisés) qu’il serait un atout majeur au sein de l’équipe.

Elle se sentait vidée de toute énergie, et sa journée n’était pas terminée puisqu’un nouveau recrutement à Harwood devait avoir lieu dans moins d’une demi-heure. Elle se leva pour mettre un terme à l’entrevue, lui tendit la main et ne trouva rien de plus original à dire que : Et bien, bienvenue parmi nous Monsieur Seum, si vous acceptez toujours de travailler avec nous. Sa réplique était plutôt rhétorique, elle ne pouvait s’attendre à un « non » après l’ardeur qu’avait mis le jeune homme dans ses propos.

Elle allait pouvoir se recueillir et avoir les idées claires sur ce moment éprouvant mentalement de sa journée. Elle pensait d’ailleurs qu’après l’interrogatoire monstrueux qu’elle avait fait passer à son nouvel associé, ce dernier ne voudrait pas s’éterniser longtemps dans son bureau…

Quelle ne fut pas la surprise de notre cher Guillaume quand Loane se mit à avoir un éclat de rire des plus ardents ! Il ne fut pas vexé le moins du monde, il était même heureux de voir que la directrice pouvait avoir l'air ... humaine! Car l'attitude qu'elle avait eue jusqu'à présent avait été si sèche qu'il avait largement remis en question, avec regret, son humanité. Il s'associa à elle, et rit de bon coeur.

- Ah mais je dois admettre que c'est risible, j'en conviens parfaitement! Mais j'étais très bon vendeur de glaces!

Guillaume trouvait que son experience prouvait parfaitement le dicton "L'habit ne fait pas le moine". Il fut heureux que la jeune directrice s'en fut rendu compte; il était en effet évidemnt qu'au début, elle l'aurait engagé pour ses dipomes, mais pas en tant qu'humain. Là, il y avait de l'espoir, elle avait vu qu'il n'était pas seulement un prétentieux sans défauts à l'interieur comme à l'exterieur. Même si en toutes proportions gardées, il l'était quand même un peu. La jeune femme mis fin à l'entretien en lui annonçant la phrase qu'il attendait depuis le début : "Et bien, bienvenue parmi nous Monsieur Seum, si vous acceptez toujours de travailler avec nous. ". Il lui serra la main avec reconnaissance en lui souriant sincèrement.

- Je vous remercie beaucoup Madame Bowër. Je ferai mon possible pour être à la hauteur de vos espérances, soyez-en sure.

Sur ce, Guillaume laissa la jeune femme sortir et alla prendre ses affaires pour s'installer dans ses appartements.


HJ: d'ailleurs, il dort où notre cher ami Guillaume? Il a un bureau?

[HJ: je vais lui en créer un sur le champ !]